Corentin c’est un jeune homme lumineux et rempli de belles énergies que j’ai rencontré sur les réseaux. Il m’a offert un accueil merveilleux quand j’ai fait mes premiers pas en Thaïlande. Aujourd’hui il nous écrit depuis Chiang Mai où il réside depuis un an, pour nous parler d’un sujet qu’il connaît bien et qui lui tient à cœur. Que vous ayez tendance à être colérique ou non, cette article ne peut que vous parler tant il est est une invitation à la reconnexion à soi. Bonne lecture.
Paris, 7h30. Après un réveil difficile, vous avez enfilé votre petit-déjeuner et pris une douche chaude avant de partir au travail. Vous êtes maintenant à la station de métro et attendez le train. D’un coup, vous recevez un choc sur l’arrière de l’épaule gauche. Quelqu’un vient de vous bousculer brutalement. Il ne s’est même pas excusé et a continué son chemin.
Ni une ni deux, vous vous retournez et commencez à l’insulter de tout les noms pour bien lui faire comprendre que vous êtes énervé. Mais cette personne semble ne pas du tout prêter attention à vous et continue sa route. Une envie soudaine de lui sauter dessus pour lui remettre les idées en place monte en vous. Mais vous vous contenez. Vos poings se serrent, vos idées deviennent noires… Ça y est, ça va être une mauvaise journée.
Ce genre de situation, arrive à tout le monde. En revanche, tout le monde ne réagit pas de la même manière. Les colériques le savent bien, la colère est une émotion puissante qui peut amener des actions ou des paroles violentes,…qui nous semblent nous dépasser.
Dans cette article, nous allons voir comment préserver le saint Graal tant convoité, la paix intérieure, que la colère détruit à grand coup de masse ! En d’autres termes, les prochaines lignes sont destinées à vous donner les clés pour mieux apprivoiser vos émotions et en particulier la colère.
La colère est-elle mon ennemi ?
J’ai été colérique pendant de nombreuse années, je pensais que c’était une fatalité, une question de sang. J’imaginais que ma colère venait de mon grand père, alors je suis aller voir des thérapeute, une kinésiologue mais j’avais beau tout essayer pour me débarrasser d’elle, rien n’y faisait, elle revenait toujours au galop.
La colère est une émotion qu’il est naturel de ressentir. Elle fait partie de la palette émotionnelle et vouloir s’en débarrasser serait complètement illusoire !
En revanche il est légitime de vouloir apprendre à la maîtriser. Parce que, sans apprendre à maîtriser sa colère on peut très vite finir dans une solitude immense… Normal, qui voudrait être proche d’une personne qui pique des crises de colère toutes les heures ? La colère, est ce que j’appelle le destructeur de relations, elle peut réellement ruiner des relations qui ont mis des années à se construire. Elle les désintègre à grand coup de mots et d’actes violents. Elle installe la peur dans le coeur des autres et nous laisse avec ces deux choses, la solitude et le regret.
Pire encore ! Elle détruit votre corps. Sérieusement, vous l’avez déjà vécu vous aussi ? Ce moment, où vous frappez les murs à cause d’une trop grande colère ! Les murs ! Vous l’avez déjà ressentis cette sensation de détruire votre corps sous le coups de la colère, de voir vos poings en sang ?
On ne pourra jamais se débarrasser totalement de la colère. Le Dalai-Lama lui même a avoué ressentir cette émotion parfois… Alors si même un maître bouddhiste comme lui ressent toujours cette émotion, pour nous c’est peine perdue !
En fait, peut être qu’il ne faut pas chercher à se débarrasser de la colère mais plutôt apprendre à y répondre. Apprendre à faire de ce que le Dalaï Lama appelle « notre pire ennemi », une occasion de grandir, d’apprendre et de s’entraîner. Dans cette article, je ne vous propose pas une recette magique, mais bel et bien les bases essentielles avec lesquelles composer pour évoluer sur votre chemin.
Quand la colère fait surface…
La colère est une émotion puissante. Elle met tout le corps en tension, change le rythme respiratoire et assombrit l’esprit. En sa présence, il semble que l’on ne contrôle plus rien… On perd les pédales et le vélo s’emballe.
La respiration pendant une crise de colère peut se définir ainsi : rapide et saccadée. Des inspirations et expirations rapides et incomplètes. À ce moment là, la colère tisse sa toile dans laquelle vous serez pris au piège si vous ne réagissez pas très vite. Votre rythme cardiaque va s’emballer, irriguer votre cerveau en trop grande quantité, provoquer de l’excitation et de l’agitation, ce qui va aussi contribuer à perturbé l’activité de votre mental.
Reprenons notre exemple du début, vous êtes toujours à la station de métro après que quelqu’un vous ait bousculé. Ici, nous allons changer un seul paramètre, vous savez désormais que quand la colère monte, une choses très utile pour se calmer est de reprendre le contrôle de votre respiration.
L’idée c’est de redevenir le « maître ». Est ce que c’est la colère qui choisit comment vous devez respirer, penser et ressentir ou bien est-ce VOUS ?
Si vous êtes dans une situation comme celle de la station de métro, c’est super, parce que vous n’avez personne avec qui lutter… Personne qui est entrain de vous parler ou de vous déranger. Vous pouvez simplement revenir à vous quelques minutes, reprendre vos esprits et en profiter pour revenir à une respiration lente et profonde.
L’exercice que je vous propose a pour but de calmer le rythme cardiaque en allongeant au maximum les respirations et en focalisant toute l’attention sur le souffle. Ainsi, vous pouvez détourner simplement votre attention du problème, ici la bousculade, pour revenir à quelque chose qui, par ailleurs, a plus d’importance. La respiration.
Pas besoin d’essayer de faire comme les grands yogis qui visent 1 respiration par minute. Ce qui peut être difficile en cas de crise de colère et surtout sans un entraînement régulier. En moyenne un humain normal respire entre 15 et 20 fois par minutes. Faire ce travail conscient d’allongement de la respiration demande une pleine attention et peut grandement vous sortir des ruminations négatives engendrées par la colère.
Je vous conseil simplement d’essayer de reprendre le contrôle en commençant par 3 respirations par minutes :
Inspirer pendant 10 secondes (comptez simplement 10 temps).
Expirer pendant 10 secondes (comptez simplement 10 temps).
Répétez ce cycle 3 fois.
Concentrez au maximum votre attention sur la sensation de l’air qui rentre et sort de vos narines. Et faite cette exercice pendant 3 minutes soit 9 cycles de respiration.
Ne forcez jamais la respiration, écoutez votre corps. Cela doit rester confortable.
Cet exercice respiratoire va vous aider à lâcher l’objet de votre colère (bousculade, manque de respect, mots qui blessent,…) pour revenir à quelque chose de plus essentiel et positif.
L’impermanence des émotions
Du point de vue évolutionniste, la colère est une émotion vraiment utile… Quand maman ours doit défendre petit ourson d’une meute de loups affamés, sa colère lui est d’une grande utilité, car elle envoie un message fort au cerveau.
« Là, tu as besoin de force pour protéger ce que tu aimes ». Immédiatement, le cerveau répond en contractant les muscles, accélère le rythme cardiaque pour mieux les irriguer et préparer maman ours à un combat sans pitié. Petit bémol, vous n’êtes pas une maman ours qui dois se défendre face à une meute de loups. Vous venez juste de vous faire bousculer et votre corps est prêt à répondre par la violence ou à fuir car c’est une réponse automatique ancrée dans nos gènes.
Mais bon dieu, nous sommes des Homo sapiens sapiens, Homme sages sages ! va t’on se laisser dicter notre comportement par une réponse automatique du cerveau. Non ! Vous avez repris le contrôle du souffle, le plus dur est fait pour vous sortir de la crise de colère. Maintenant il faut que vous appreniez à libérer les tensions qui se sont créer automatiquement dans votre être.
Pour cela, le meilleur moyen est … roulement de tambours… NON, pas de vous défouler ! Combien de fois j’ai pu lire ou entendre que si on est en colère il faut se défouler, claquer la porte, crier, taper dans son oreiller ( parce que ça ne fait pas de mal ). Tout ces conseils donner par des psychologues… Le problème c’est que si les crises de colère sont récurrentes et que vous prenez l’habitude de vous défouler sur votre oreiller, le jours où vous n’aurez pas d’oreiller sous la main mais seulement vos enfants en face de vous, qu’arrivera t-il ? Non, non, non et re-non.
Je vous en prie, ne prenez pas ces mauvaises habitudes qui ne sont que des réactions impulsives déguisées sous l’appellation « évacuer sa colère ».
Après avoir calmé votre respiration, vous pouvez simplement porter votre attention sur le corps. C’est ce que recommande Eckhart Tolle auteur du livre best seller, le pouvoir du moment présent.
Regardez là où se trouvent les tensions. Les poings qui sont serrés comme pour casser des noix, les mâchoires contractés, l’estomac retourné. Prenez quelques minutes pour observer votre corps, les sensations qui s’y manifestent. Ainsi, vous verrez que rien n’est permanent, pas même la colère. Elle finit par passer. Que vous le vouliez ou non, au bout d’un moment, le corps finira par transformer et dissiper ce surplus d’énergie.
Le calme reviendra après la tempête.
Pourquoi rester énervé ? Quelqu’un vous a insulté, bousculé, offensé ? Cela ne lui a pris que quelques secondes mais vous portez la colère en vous pendant des heures. Une étude nommée Don’t worry, be happy : positive affect and reduced 10 year coronary heart disease, montre que les sentiments d’hostilité et de négativité dégradent le système coronarien. La colère est littéralement l’émotion la plus dangereuse pour le coeur. Vous mettre et rester en colère est donc tout sauf utile, car vous nuisez à votre propre corps, comme si vous fumiez un paquet de cigarettes.
En observant le corps vous constaterez que tout n’est qu’impermanence et fini inévitablement, par changer. Ce qui signifie, que vous pouvez faire de la place pour accueillir des émotions plus positives de joie et de bonheur, qui elles, vous maintiendront en bonne santé.
« Rester en colère, c’est comme saisir un charbon ardent avec l’intention de le jeter sur quelqu’un. C’est vous qui vous brûlez. »
Gautama Bouddha
Aller à la rencontre de sa Colère, une voie initiatique.
Comme nous en avons parlé au début, maîtriser sa colère n’est pas chose aisée. Lire ces lignes ne sera pas suffisant. Pour beaucoup voire toutes les personnes qui souffrent de la colère, cela n’est pas un défaut de naissance. Les réactions colériques que vous avez se sont progressivement installées comme une sorte de mécanisme « automatique ». Le corps et l’esprit ont enregistré ce mode de fonctionnement, qui, même si il n’aide pas, peut lui paraître comme efficace. C’est d’ailleurs tout le piège de prendre l’habitude de se défouler ou de crier quand quelque chose nous offense. Par la suite, nous ne connaissons que ce mode d’expression. Pourtant il existe d’autre façon d’exprimer sa colère.
Le symbole en la matière est Mohandas Karamchand Ghandi, symbole de la lutte non-violente. Ne pensez vous pas que Ghandi était en colère lorsqu’il voyait les ravages du racisme et de la domination des européens sur l’Inde ? Pourtant il a toujours manifesté et appelé à la non-violence. Car essayer déteindre un feu avec un lance flamme est complètement inefficace ( pour ne pas dire idiot ).
Celui qui s’énerve crée plus de souffrance, à la fois pour lui mais aussi pour les personnes qui l’entoure. Vous le savez parce que vous avez peut être déjà vu des proches vous tourner le dos ou fuir car vous étiez trop violent ou trop colérique. Pour devenir le maître de la colère, il ne suffit pas de savoir calmer les crises, il faut développer un état d’esprit profond. Ce que Matthieu Ricard appelle « la force d’âme ».
Pour développer cette état d’esprit, vous pouvez apprendre à reconnaître d’où vient la colère. Cela demande d’analyser les schéma récurrents pour voir ce qui se joue en vous au moment ou la colère se déclenche.
Quelqu’un critique votre façon de conduire et cela vous mets en rogne ? Peut être que vous êtes trop attaché à votre image de personne parfaite. Vous vous énervez quand le traffic est bouché ? Peut être que devriez cultiver la patience.
La colère nous apprend beaucoup de chose sur nous même. Et chaque crises est une excellente occasion d’améliorer la personne que nous sommes. De devenir un meilleur humain. Bien sûr ce n’est pas facile car cela demande de regarder ses défaut en face et d’accepter sa part de responsabilité mais avec cet état d’esprit, la colère n’est plus un problème mais une opportunité. En développant une telle vision, la colère devient comme les chutes d’un bébé qui apprend à marcher, elles lui montrent comment se relever, se tenir debout et pouvoir un jour, se mettre à courir.
La paix intérieure
La paix intérieure n’est pas seulement une jolie expression, c’est un sentiment bien réel qui évoque une absence de tension sur trois niveaux. Le mental, le souffle et le corps.
Selon les situations vécues dans le passé ou dans le présent, il peut être difficile de se détacher de la colère. Pourtant si aujourd’hui vous êtes là, entrain de lire ces lignes, c’est que vous avez conscience que la colère est destructrice pour VOUS. Elle nuit à votre vie. Alors peu importe que cela soit difficile ou non. La paix intérieure est un choix.
« Hier est derrière, demain est un mystère mais aujourd’hui est un cadeau. C’est pour cela qu’on l’appelle « le présent ». »
Kung Fu Panda
Souvenez-vous :
- En prenant le contrôle de votre respiration, vous effacez progressivement les tensions du souffle.
- Ensuite en observant ce qu’il se passe dans le corps, les sensations provoquées par la colère et leur caractère impermanent, vous réduisez les tensions du corps.
- Enfin, en développant un état d’esprit serein qui voit la colère comme une occasion, vous calmez le mental et réduisez les éruptions de colère.
Pour apprendre à gérer votre colère, j’envoie un email quotidien dans lequel je vous donne mes conseils, mes inspirations tout ce qui m’aide au jour le jour. Ces emails sont envoyé par un ancien colérique pour les colériques.
Pour vous inscrire, c’est ici : https://mailchi.mp/c97ac5ffa8e9/guerrierdragon
Restez conscient.
Namaste.
Corentin
Sources :
– Étude sur l’impact des émotions positive sur la santé : Don’t worry, be happy: positive affect and reduced 10-year incident coronary heart disease: The Canadian Nova Scotia Health Survey Davidson, Karina W. ; Mostofsky, Elizabeth ; Whang, William Columbia University – 2010
– L’entraînement de l’esprit et l’apprentissage de la bienveillance – Chögiam Trungpa
– Le pouvoir du moment présent – Eckart Tolle